La translémanique de David Bugnon
Marine Pro : David, c’était ta 3ème participation à la Translémanique en solitaire, tu finis à une splendide 8ème place en temps réel et 1er TCF2. Seuls les Psaros et le Luthi Katana de Charlie Dalin ont eu le droit de te passer devant. Comment expliques-tu ce bon résultat ?
David : 40 ans de navigation sur le lac et une belle symbiose avec mon bateau. Mon papa m’a très vite initié à la voile et, un jour, lors d’une croisière sur l’Aphrodite familiale, il est tombé dans « le trou d’homme » (capot avant) et s’est douloureusement cassé les côtes. C’est moi, à l’âge de 5 ans, qui ai ramené le bateau au port. Par la suite, j’ai fait de la compétition en Optimist, Europe et plus de 20 Bols d’Or avec 5 victoires de classe dont la dernière sur le Luthi F10 d’Olivier Luthi. J’ai aussi pas mal navigué dans les Caraïbes en croisières.
Par ailleurs, après pas mal d’années à naviguer sur des bateaux à équipage, avec l’organisation que cela implique, j’ai acquis en 2018 mon Esse 850. Ce bateau, petit et rapide, me permet de naviguer sans difficulté en équipage réduit ou seul. De ce fait, je sors régulièrement en solitaire pour le plaisir, on peut donc dire que je m’entraine toute l’année! Au niveau équipement, j’ai bricolé une rallonge de barre amovible pour être plus proche des écoutes quand je navigue solo et j’ai un pilote automatique.
Marino Pro : Quelles précautions a-tu prises au niveau sécurité ?
David : J’ai toujours été un récalcitrant du gilet automatique. Depuis que j’ai découvert le Plastimo qu’ils portent à la Figaro, je n’hésite plus à le mettre. Il est confortable avec des poches pour la fusée, le cyalume et la lampe flash. Des fois, j’oublie même de l’enlever quand je range le bateau.
Marine Pro : Comment t’es-tu préparé au niveau météo ?
David : J’ai d’abord dû me convaincre qu’on serait en bise ; j’ai acquis cette certitude la veille du départ seulement. Depuis le jeudi soir, j’ai aussi téléchargé les fichiers grib sur Weather 4D pour me faire une idée des prévisions. Mais avec la bise, le schéma est simple ; après 20 Bols d’Or, tu sais à peu près quelle option sera la bonne et les pièges à éviter!
Marine Pro : Quels ont été les points critiques de ta course ?
Je me suis beaucoup appliqué au départ. Avec un petit bateau, c’est important de bien partir ; là ça a bien marché. Après, dans le petit-lac, j’ai eu un souci de cap ; à la hauteur d’Yvoire je me suis laissé emmener dans la baie de Thonon, ce qui n’est pas la ligne idéale en principe, mais ça m’a bien réussi, j’ai eu moins de vagues. En arrivant à Ripaille, je me suis rendu compte que j’avais eu une entrée d’eau importante que je ne m’explique toujours pas. J’ai dû écoper un bon moment tout en essayant de maintenir mon placement, d’autant plus que c’était un passage délicat. J’ai ensuite retrouvé la bise sur Suisse à la hauteur de Lutry après avoir dépassé les autres Esse 850. En arrivant au Bouveret, le vent est rentré par l’arrière, on s’est donc retrouvé à 5 bateaux à la bouée.
Au retour, dès Lausanne, j’ai travaillé les vagues à fond ; quand tu travailles les vagues tu passes de 7-8 nœuds à 8-10 nœuds ; ça vaut vraiment la peine, mais ça te coûte une énergie folle.
|
Leave your reply Cancel Reply